Qu’est-ce que la psychologie analytique ?

La psychologie analytique aborde la psychothérapie et l’analyse des profondeurs de la psyché humaine dans la tradition établie par le psychiatre suisse C. G. Jung. Elle se distingue par l’importance qu’elle donne au rôle des expériences symboliques et spirituelles dans la vie humaine. Elle repose sur la théorie des archétypes de Jung et l’existence d’un espace psychique profond appelé inconscient collectif. À la suite des travaux originaux de Jung, les recherches en cours dans cette tradition ont intégré les résultats d’autres disciplines et écoles de psychologie des profondeurs, faisant de la psychologie analytique un champ d’investigation et d’innovation thérapeutique en pleine expansion.

L’individuation

L’objectif de l’analyse jungienne est ce que Jung appelait l’individuation. L’individuation ne doit pas être confondue avec la simple individualité ou l’excentricité. L’individuation fait plutôt référence à l’acquisition d’une plus grande conscience de tout ce qui influence la vie d’une personne. C’est-à-dire la manière dont elle entre en relation avec la totalité de ses expériences psychologiques, interpersonnelles et culturelles. Jung a identifié deux niveaux profonds de fonctionnement psychologique qui tendent à façonner et parfois compromettre l’expérience de la vie d’une personne, l’inconscient personnel et l’inconscient collectif.

L’inconscient personnel

À l’instar de Freud, Jung a reconnu l’importance des expériences vécues au début de la vie. Il a désigné ces expériences sous le nom de complexes personnels. Elles se trouvent toutes dans l’inconscient personnel et découlent de perturbations dans la vie de la personne. Jung a également élaboré une théorie de la personnalité, construite autour d’une typologie qui est restée l’un des aspects les plus influents de son œuvre. Il s’agit des Types Psychologiques. Ils représentent les diverses façons dont les gens prennent conscience de leurs problèmes psychologiques et tentent d’y faire face. Ainsi, en fonction de la personne et de son type psychologique, on observera une multitude de réactions différentes face à des défis psychiques similaires.

L’inconscient collectif

Cependant, Jung a reconnu que nous sommes également influencés par des facteurs qui se situent en dehors de notre expérience personnelle et qui ont une qualité plus universelle. Ces facteurs, il les a appelés archétypes. Ils forment l’inconscient collectif et donnent forme aux récits culturels, aux mythes et aux phénomènes religieux. Si les archétypes prennent de nombreuses formes, les plus visibles sont :

• l’anima et l’animus, qui définissent les dimensions équilibrantes ou compensatoires de l’identité sexuelle ou du genre de l’individu,
• la persona, qui façonne la présentation d’une personne aux autres,
• et l’ombre, qui définit les aspects de la vie d’un personne qu’elle juge inacceptables pour la conscience qu’elle a d’elle-même.
• Le Soi, archétype de la totalité, établit l’ordre dans la structure de la psyché et donne forme au sens global que l’individu donne à ses expériences.

Un nouvel ordre psychique

En tant que jeune psychiatre, Jung a travaillé en étroite collaboration avec des patients souffrant de troubles psychiatriques majeurs. Mais Jung s’est rendu compte que, sous la surface, ces patients tentaient de construire un nouvel ordre psychique à partir d’expériences psychologiques profondes. Cette prise de conscience a constitué un point de conflit majeur entre Jung et Freud. Ce qui a contribué à la rupture définitive entre les deux hommes en 1913. La réponse de Jung à cette rupture a été d’entreprendre sa propre investigation de la psyché profonde. Cela a abouti à la formulation d’une nouvelle approche du processus analytique, l’imagination active.

Rêves et imagination active

L’imagination active est essentiellement une forme de pratique méditative. Elle permet l’émergence d’un symbolisme unissant le conscient et l’inconscient. Outre l’imagination active, la psychologie analytique met l’accent sur les rêves comme éléments essentiels de la dynamique de la psyché. Cependant l’approche de Jung à l’égard des rêves est nettement différente de la compréhension qu’en avait Freud. Pour Jung, la forme manifeste du rêve n’est pas un déguisement pour des désirs refoulés. Il s’agit plutôt d’un commentaire de l’inconscient sur le moment présent. Jung compare l’obscurité des rêves à un texte écrit dans une langue étrangère. Langue qui peut être traduite et comprise.

Le livre rouge

Jung a formulé son approche de la psyché à partir d’expériences vécues dans sa propre vie, qu’il appellera plus tard sa rencontre avec l’inconscient. Sa profonde investigation de sa propre psyché a abouti à la composition du Livre rouge, un récit des images qui se sont formées au cours de son propre processus d’imagination active.

Alchimie et physique quantique

La théorie de Jung considère l’inconscient collectif en tant que niveau de la psyché universellement partagé. Quant aux archétypes, ils donnent naissance à des thèmes communs dans les mythes et les pratiques religieuses à travers l’histoire. Ces deux concepts ont incité Jung à étudier les modèles historiques qui correspondaient à son modèle de la psyché. Au premier rang de ces recherches figure l’alchimie qu’il voit comme un précurseur de la psychologie et de la science modernes. À la fin de sa vie, Jung s’est engagé avec le physicien quantique Wolfgang Pauli dans l’étude de phénomènes concernant les aspects psychologiques de l’alchimie. Dans ces phénomènes, les états psychologiques et matériels sont associés les uns aux autres. Ils ont appelé ces phénomènes des « synchronicités ». Selon Jung et Pauli, ces synchronicités sont sous-tendus par une unité profonde au sein de la nature.

Processus d’individuation

Le processus analytique a pour but d’amener les facteurs personnels et collectifs à la conscience. Ceci pour permettre à l’individu de voir plus clairement les forces en jeu dans sa vie. Jung considérait que le rêve était centré sur les circonstances actuelles de l’individu et sur le cours de son développement futur. Le rôle de l’analyste est de faciliter le processus d’individuation et d’accompagner l’analysant dans ce cheminement personnel. En utilisant de nombreux concepts de la psychanalyse, tels que le transfert et le contre-transfert, mais en ajoutant des concepts typiquement jungiens tels que l’imagination active, l’analyste et l’analysant travaillent en collaboration pour explorer et élargir l’expérience de l’analysant et sa compréhension de sa vie, et sa relation avec les structures profondes de la psyché.

Afin de compléter votre recherche sur la psychologie analytique et l’interprétation des rêves selon Jung, je vous suggère notre rubrique Articles et actualités ainsi que notamment l’article du Centre Thérapeutique de Nice sur le sujet.