L’importance de la spiritualité pour Jung

 

L’instinct religieux

C. G. Jung s’est intéressé toute sa vie à la spiritualité, telle qu’elle s’exprime non seulement dans les traditions religieuses établies mais aussi sous une grande variété d’autres formes. Ceci jusqu’à s’intéresser aux grandes hérésies occidentales, le gnosticisme et l’alchimie. Au cours de sa vie, Jung a beaucoup écrit sur de nombreuses religions du monde, et, plus tard, sur sa propre tradition religieuse d’origine, le christianisme. Ce qui est le plus intéressant dans son travail, cependant, ce ne sont pas ses interprétations des idées et pratiques religieuses des autres, non. C’est plutôt sa découverte et sa description détaillée d’une tendance psychologique native chez l’être humain, à trouver une base spirituelle à la vie. Ce qu’on appelle « l’instinct religieux ».

Livre rouge page 155

 

Spiritualité jungienne

L’œuvre de Carl Jung est un processus de recherche constant, une subtile alchimie entre la psychologie analytique, l’anthropologie et la philosophie. Cela nous a donné des concepts aussi intéressants que « l’inconscient collectif », les « archétypes », la « synchronicité ». Mais également la base d’un héritage spirituel où l’on peut trouver tout un creuset d’idées. Lorsque nous parlons de psychologues célèbres, le nom de Sigmund Freud vient en premier lieu. Cependant, pour beaucoup, c’est Carl Gustav Jung qui a réussi à laisser une empreinte bien plus profonde dans l’étude de la personnalité et de la psyché humaine. Et cela est dû en partie à son rapport à la spiritualité.

Désaccords entre maître et disciple

Même si Jung a travaillé en étroite collaboration avec Sigmund Freud pendant des années, d’importantes divergences sont nées entre les deux hommes. Notamment, l’accent mis par le père de la psychanalyse sur la sexualité comme facteur pertinent du comportement humain a toujours été source de désaccord pour le psychiatre suisse. De plus, Freud considère le religieux comme une névrose obsessionnelle, ce qui ne pouvait pas correspondre à la vision de Jung. En effet, pour lui la spiritualité est constitutive de l’être humain.

Au delà de la théorie Freudienne

Dans l’esprit du fondateur de la psychologie analytique, il y avait d’autres préoccupations qui allaient au-delà des fondements théoriques dans lesquels Freud s’était installé. Bien qu’il soit un psychologue clinicien pratiquant, bien ancré dans sa théorie également, il a consacré la majeure partie de sa vie à explorer d’autres domaines. Il s’est plongé dans la philosophie orientale et occidentale, les arts, la littérature, l’astrologie, la sociologie et même l’alchimie. Il a ainsi rapidement intégré à ses théories des racines de l’anthropologie, des concepts d’art et de spiritualité, ainsi que tout un héritage culturel qui cachait des idées révélatrices sur le domaine de l’inconscient.

 

Le rêve d’enfant qui lui a ouvert les yeux

C.G Jung a dit un jour que les êtres humains naissent trois fois. La première est la véritable naissance physique. La deuxième se produit avec le développement de l’ego. Enfin, la troisième est ce qui conduit à la naissance de ce qu’il appelait « la conscience spirituelle ». Selon Jung, cette dernière naissance n’aura jamais lieu si la personne se concentre exclusivement sur l’ego, sur son conditionnement et sur nos schémas mentaux rigides et sans réaction.

L’éveil par le rêve

Il semble que Jung lui-même ait vécu ce troisième éveil dans son enfance grâce à un rêve étrange, symbolique et fascinant. Il s’agissait d’une grande pièce avec un tapis rouge sur lequel était allongé un être étrange. C’est un monstre arborescent qui porte un œil immense au milieu du front. Il a la peau d’un homme et réagit à peine lorsque le petit Carl Jung s’approche de lui. Cependant, il entend bientôt la voix de sa mère qui lui crie, depuis une tombe voisine, de ne pas s’approcher du monstre. Il est « le mangeur d’hommes ».

L’appel de l’inconscient

Tout d’abord, il ait pris ce rêve pour un terrible cauchemar. Puis ce dernier a rapidement éveillé en lui un profond intérêt pour le monde du surréel et son symbolisme. Des années plus tard, il pris conscience que ce rêve était comme un appel, une invitation directe à enquêter sur ce que les psychanalystes appelleraient plus tard « l’inconscient ».

 

Le bien-être par la spiritualité

Jung a étudié en profondeur le christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme, le gnosticisme, le taoïsme et d’autres traditions. En effet, pour lui, la vie spirituelle constituait la racine même de la vie psychique. L’un de ses fondements était que, pour comprendre l’esprit humain, il faut aussi étudier ses produits. À son tour, il a soutenu à de multiples reprises que toutes les expériences spirituelles étaient essentielles pour favoriser notre bien-être. Il allait ainsi à l’encontre de la vision freudienne.

Les ressources de l’alchimie

En 1944, Jung a publié « Psychologie et alchimie ». Il montra alors comment de nombreux symboles cachés utilisés par les alchimistes se révèlent dans nombre de nos rêves les plus courants. Tout comme de multiples images mythologiques qui sont ancrées dans notre inconscient collectif. Avec ces idées, Jung a renforcé le caractère universel de sa théorie de l’archétype. Tout en élaborant une défense précieuse de la spiritualité comme outil pour améliorer la santé psychique de l’homme moderne.

 

Jung et le travail des mandalas

C.G Jung, dans son infinie passion pour la connaissance enracinée dans nos anciennes cultures, a découvert les effets psychologiques des mandalas, alors qu’il étudiait la religion orientale. Comme il l’a expliqué à de nombreuses reprises, le mandala correspond à un dessin géométrique sacré capable de provoquer quelque chose de positif aussi bien que de thérapeutique dans notre être intérieur.

Un nouvel état de conscience

Chaque figure en forme de cercle n’est pas seulement représentative du cosmos, elle est aussi une invitation directe à écouter notre être, à rétablir l’harmonie et à favoriser la croissance et l’éveil. Jung utilisait les mandalas avec ses patients pour les aider à écouter leur voix intérieure. C’était un moyen de décentrer l’ego, de briser le murmure des pensées obsessionnelles. Ainsi la personne pouvait trouver de nouvelles voies de libération et parvenir à un nouvel état de conscience.

 La guérison ne vient que de ce qui conduit le patient au-delà de lui-même et de ses enchevêtrements avec l’ego.
Carl Gustav Jung

 

La thérapie comme développement spirituelle

Ainsi Jung a orienté sa pratique de la psychanalyse vers l’obtention d’une attitude spirituellement saine pour l’individu. En particulier dans la seconde moitié de la vie, lorsque les questions du sens de la vie et de la plénitude intérieure deviennent d’une importance critique. Pour Jung, le but de la psychothérapie n’est pas seulement l’ajustement et l’adaptation aux exigences de la vie sociale et des valeurs culturelles. C’est un développement spirituel profond qui englobe toute la personne et exige des efforts intenses d’introspection et des expressions concrètes dans la vie.

 

Une œuvre riche de multiples courants de pensées

Pour conclure, l’héritage de Carl Gustav Jung est sans doute l’un des plus vastes et des plus riches en termes de connaissances, d’approches et de conceptions. Bien que ses apports théoriques soient encore très présents dans le domaine de la psychanalyse, nombreux sont ceux qui, aujourd’hui encore, préfèrent se concentrer uniquement sur ses idéaux spiritualistes.

Pour aller plus loin

N’hésitez pas à partir à la découverte de l’ensemble de son œuvre. Des livres comme « Le livre rouge« , « L’homme et ses symboles » ou « Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées » témoignent d’une approche multidisciplinaire. Ils sont un creuset de connaissances et d’éveils qui continuent aujourd’hui à inspirer tout un chacun, qu’il soit expert, profane ou simplement curieux.

Vous trouverez également d’autres informations sur la psychologie analytique et l’interprétation des rêves selon Jung dans notre rubrique Articles et actualités.